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STANISLAV STRATIEV ET SON ŒUVRE

Guenoveva Beaufils

web

Une ville provinciale aux jours provinciaux
ternes... il bruine depuis des heures.
Des vignes givrées s'étalent:
une fumée bleue au-dessus des jardins boueux.
Dans les cafés froids et humides
des hommes seuls - plus solitaires dans la pénombre -
sont assis, en regardant leur cigarette fumer;
ils pensent peut-être à la cendre des jours sans début

Kiril Kadiiski

Sa silhouette est difficile à oublier. Immense, un vrai montagnard des Balkans. Il remplit l'espace dès son entrée dans un espace fermé avec sa présence, avec sa spiritualité. Stanko Stratiev Miladinov, connu sous le pseudonyme Stanislav Stratiev est né en 1941 à Sofia. Après avoir fini ses études de langue et littérature bulgares à l'Université de Sofia, il travaille comme ouvrier, puis correspondant, journaliste, rédacteur et rédacteur en chef dans différents journaux bulgares.

"Je suis le plus grand dramaturge", plaisantait-il faisant allusion à sa grande taille, ne sachant pas qu'il sera consacré comme l'un des plus célèbres auteurs bulgares: ses pièces de théâtre continuent à faire le tour du monde. L'opinion de Marie Vrinat: "Dans le domaine théâtral, la figure dominante de notre époque est sans doute Stanislav Stratiev dans une veine des plus satiriques." en est l'un des témoignages.

En 1974 la pièce Thermes romains fait une révolution dans le théâtre bulgare. "Les thermes romains, découverts par hasard dans une salle de séjour catalysent des actes de plus en plus invraisemblables - l’élargissement des fouilles dans tout l’appartement contre la volonté de son propriétaire, la nomination d’un sauveteur pour s’occuper des nageurs inexistants etc. (Thermes romains, Stratiev)."

Située dans une ambiance absurde, Veste de daim, écrit en 1978 rappelle les romans de Kafka. Les couloirs infinis de la bureaucratie étouffent le personnage principal. Une machine infernale qui écrase toute pensée humaine et l'existence même de l'homme, réduit à un simple paragraphe d'un document fiscal. A propos de ce type de théâtre, très facilement comparable au Théâtre de l'absurde nous voudrions citer ici les propos de Dina Mantcheva de l'Université de Sofia dans son article L’image de la crise dans le théâtre de dérision et dans la dramaturgie de Raditchkov et Stratiev qui concernent les pièces Veste de daim et Thermes romains.

"Comme dans le théâtre de dérision, l’action dans la dramaturgie bulgare ne connaît pas l’évolution logique, mais implique la répétition et l’exagération qui l’associent à la monotonie de l’existence. Dans Une Veste de daim le parcours du personnage d’instance en instance à travers des bureaux identiques où travaillent les mêmes employés crée l’image d’un cercle vicieux et symbolise l’apathie bureaucratique de tout un système rétrograde. Cette situation constitue souvent le point de départ de toute une série de paradoxes se développant à un rythme accéléré, selon le principe de la progression géométrique, proche de la stylistique de l’absurde. [...] Cependant, alors que l’insolite créé par les procédés structuraux de Beckett, Ionesco et Adamov ne contient pas d’appréciation morale ou éthique, car il est inhérent à la condition humaine et touche nettement au tragique, l’intensification de la répétition dans la dramaturgie bulgare s’explique essentiellement par les vices du système et revêt un caractère satirique."

Mais ce qui attire le plus dans les pièces de Stanislav Stratiev c'est le rire. "Pendant des décennies, d'abord en Union soviétique et après la Deuxième Guerre mondiale dans les pays de l'Europe de l'Est, le rire a été une forme de résistance.", écrit Matei Visniec dans la préface de l'édition française de La vie bien qu'elle soit courte suivi de Le Bus. Ecrit en 1980, Le Bus est d'ailleurs la pièce bulgare la plus jouée au monde.

Ce bus "délabré, branlant, la carrosserie éraflée" à fait un court séjour à Paris, puis est reparti vers Montréal, Istanbul, Vienne, Bruxelles et a même émerveillé le public d'Osaka.

"L'univers décrit ici n'a aucun rapport avec nos idées traditionnelles sur la normalité de l'homme et de la société. C'est un monde insupportable, échoué, où rien ne fonctionne que les tics d'aliénation.

Si le théâtre de l'absurde s'appuyait sur une convention dramatique qui nous assurait une distance assez confortable avec la réalité, la satire que nous propose Stanislav Stratiev est une prise de contact en direct avec l'absurde.

L'agonie lente de tous ces êtres piégés dans "la meilleure société du monde" n'a rien de comique, mais finalement le rire est la voie la plus immédiate pour échapper à un tel cauchemar."

Cette citation caractérise l'œuvre complète de Stanislav Stratiev. D'autre part c'est la raison pour laquelle en Bulgarie elle est restée en marge. Critiqué sévèrement pendant le régime totalitaire, Stratiev n'était pas très aimé par les pouvoirs nouvellement instaurés après 1989 parce que sa critique n'épargnait pas leur erreurs non plus.

Nommé directeur du Théâtre satirique à Sofia de 1992 jusqu'à 1998 il a su en faire l'un des endroits les plus visités et les plus aimés. Pendant ces moments difficiles de transition, il essayait de donner à sa manière un peu d'espoir et beaucoup de rire à ces gens ordinaires qu'il aimait tellement !

Cet amour pour le théâtre, il le garde toute sa vie tout en continuant d'écrire des pièces; il s'adonne progressivement à la prose. Ces récits pleins d'humour, d'ironie et de sarcasme sont chers à chaque bulgare. Un village du Nord-Est du pays perdu dans l'absurde avec ses problèmes quotidiens de survie et le penseur local qui de son côté lui aussi cherche une issue, sont les personnages principaux des Chroniques de Babylone.

"Si nous avons pu donner quelque chose au monde, c'est le modèle bulgare...", écrit Stratiev dans le recueil de récits Le modèle bulgare et il continue: "La Tour de Babel est notre apport au patrimoine mondial... C'est un état de l'esprit, une manière de voir les choses. En deux mots: c'est voir tout à l'envers."

La tour de Babel avec sa symbolique est présente dans ses derniers récits Chroniques de Babylone. "C'est un livre unique, écrit avec une telle virtuosité comme s'il était joué par un Paganini de la parole. [...] Un vrai chef-d'œuvre. Unique parce qu'il n'est comparable à aucun des livres dans notre littérature parus jusqu'à présent." C'est de cette manière que le critique bulgare Guéorgui Michev a présenté les Chroniques de Babylone. Et il continue plus loin; "Un vaste panorama, construit de manière économe avec une avarice de mots, mais riche en couleurs, sonorités, bruits, arômes, palpitant de rire, de spiritualité et par endroits de poésie et d'une tristesse "lumineuse"."

Les Chroniques de Babylone présentent exactement "cette état d'esprit et manière de voir les choses"; les soucis quotidiens d'un peuple qui, avec sa culture, fait partie intégrante de notre Europe d'aujourd'hui, mais qui reste marginalisé, oublié, méconnu.

Un style simplifié pour une réalité absurde et réelle, avec des détails de la presse bulgare et mondiale, qui nous présente les mêmes événements, mais qui prennent de nouvelles dimensions dans un autre contexte. Devant nos yeux se déroule la vie quotidienne bulgare, présentée dans cette réalité qui reste toujours absurde, inhabituelle, malgré les changements formels, réalité dans laquelle, si on utilise les mots de l'auteur, "tout dépend du point de vue".

 

 

© Guenoveva Beaufils, 2003
© E-publishing LiterNet, 17. 06. 2003
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First edition, electronic.