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Íàñòðîéêè: Ðàçøèðè Ñòåñíè | Óãîëåìè Óìàëè | Ïîòúìíè | Ñòàíäàðòíè
L’histoire slavo-bulgare Chapitre V De Paisij de Hilendar Un berger répondant au nom de Lahanas1 vint au monde. C’était un guerrier qui devint, peu après, le baron de Constantin. Il fut rusé et perspicace. Quelque temps après, Lahanas s’assura l’appui de l’armée bulgare, car il était vaillant et avait du succès dans les guerres. Il s’insurgea contre Constantin après avoir pris la tête d’une grande armée. Il le tua, puis il monta sur le trône de Tărnovo. Ainsi, il prit la tête de l’empire bulgare2. Son nom était Lahanas. Il arriva à Tărnovo et adressa des insultes à Maria, ladite Grecque. Il les chassa à Constantinople, Michel et elle, et il se maintint au pouvoir pendant un certain temps. Mais Smilec, le précédent roi qui avait été chassé du trône par Constantin Šišman, avait eu un enfant, qui s’appelait Jean, chez le roi grec. L’empereur monta ce jeune Jean contre Lahanas, et il l’envoya avec une forte armée contre ce dernier. Lahanas vit qu’il ne pouvait pas résister à Jean et il se sauva à la cour du souverain tartare. Mais à la demande de Jean et de l’empereur grec, le khan Nogaï, le souverain tartare, tua Lahanas. C’est ainsi que celui-ci finit ses jours. Jean Asen III s’empara du trône bulgare sans obstacles, car il était fils du roi de la dynastie du vieux roi Asen. Il avait une épouse, Irina, la fille de l’empereur grec. Il gouverna longtemps le royaume bulgare paisiblement et tranquillement. Mais Pierre, un certain baron, expérimenté dans la perfidie, dupa l’armée et les barons de l’empereur pour s’emparer du trône de Jean. Dès que Jean Asen eut vent des intentions3 de Pierre, il ramassa les trésors impériaux et partit pour Constantinople. Il y finit ses jours paisiblement et tranquillement. [Puis], ce fut au tour de Pierre d’être intronisé, et il prit les rênes du pouvoir bulgare. Mais le khan Nogaï, le souverain tartare, s’insurgea avec ses Tartares contre Petăr. Cependant, celui-ci prit le dessus et le captura vivant au combat, et il le fit pendre en prison. Quelque temps après, les boyards se prirent à haïr Petăr. Il s’enfuit à Andrinople et y mourut d’une forte fièvre. Les Bulgares se scindèrent en deux groupes: les uns voulaient que fût couronné Svetoslav, le premier des barons, vaillant au combat, et les autres voulaient que ce fût Michel, le fils de Constantin Šišman. Ce fut Svetoslav qui prit le dessus, et il fut intronisé. Il prit pour femme Théodora, la fille de l’empereur grec Michel. Comme les Perses menaçaient l’empire grec, l’empereur Michel pria son gendre Svetoslav, de l’aider contre les Perses. Svetoslav envoya une armée de 20 000 cavaliers et de 6 000 fantassins, sous les ordres de Jean Hristobozko Macukata. Ainsi, au début, les Bulgares défirent les Perses. A leur retour, les Perses les encerclèrent dans un défilé étroit pour les massacrer, de sorte que pas un seul ne revint chez lui. C’est pourquoi Joachim, le patriarche de Tărnovo, fut soupçonné d’avoir conclu quelque arrangement secret avec les Perses. Mais Joachim était innocent. Svetoslav ordonna que le patriarche Joachim fût précipité du haut d’une haute montagne jusqu’à ce que mort s’ensuive. Quand les Bulgares virent Stanislav commettre un acte aussi impie, ils le désavouèrent, après quoi ils le chassèrent du trône. Alors, les Bulgares placèrent sur le trône Michel, le fils de l’empereur Constantin Šišman. Michel répudia Neda, sa femme, la fille du roi Milutin, afin d’épouser Théodora, la femme de Svetoslav, car peu après, Svetoslav fut tué par un certain Kont, un despote de Céphalonie4. Mais Etienne Nemanja, le roi serbe, s’apprêtait à se venger sur Michel, l’empereur bulgare, pour l’outrage fait à sa sœur. Mais Michel, leva également une armée bulgaro-valaque et appela au secours Andronik5, l’empereur grec. Icelui sortit avec son armée grecque, mais comme il était rusé, il s’arrêta en Pélagonie6 sans venir en aide à Michel, lorsque celui-ci attaqua le pays serbe depuis le nord, le dévastant y compris jusqu’au cours supérieur de la Strumica7. Le cinquième jour, Etienne Nemanja l’encercla. 10 300 Allemands lui vinrent en aide, ainsi que des Serbes et des Magyars. Etienne Nemanja, le roi de Dečani8 vainquit l’empereur bulgare Michel et le tua au combat. L’empereur Andronic assista à la chute du roi Michel. Les Bulgares se querellaient pour savoir qui ils allaient couronner empereur. Ledit Andronic se mit en route avec son armée, et il prit de nombreuses villes aux Bulgares, dont la ville de Mesembria9. Michel avait placé Andronic sur le trône: il avait attaqué Constantinople avec une grande armée et détrôné l’empereur Andronic l’ancien. Et Michel plaça le jeune Andronic sur le trône, et exigea qu’il lui payât tribut tout le temps qu’il serait sur le trône bulgare. Après Michel, les Bulgares placèrent Alexandre, son frère, sur le trône. Le roi serbe Etienne marcha sur la Bulgarie avec ses troupes et fit halte dans la plaine de Mraka10, près de Radomir. Il dépêcha des messagers chez les Bulgares pour leur faire transmettre ceci: "Si tant est que vous souhaitez demeurer en paix avec nous, et que vos terres ne soient pas par nous tout entières conquises, déposez Alexandre et remplacez-le par Etienne, le fils de ma sœur". Ledit Etienne avait été conçu par Michel et Neda, la sœur du roi serbe, et c’est lui que les Serbes souhaitaient placer sur le trône bulgare. Mais Alexandre leva une nouvelle armée en réponse, et repoussa Etienne Nemanja en Serbie. Ensuite, il se tourna vers l’empereur grec et conquit de nombreuses villes, dont Andrinople. Il amassa un confortable butin, puis revint en Bulgarie. Jean Cantacuzène, l’empereur grec, succéda à Andronic. Il réunit une forte armée afin d’attaquer inopinément la Bulgarie et il dévasta une grande partie de la Thrace11. Lorsque Alexandre vit cela, il proposa paix à Jean, mais celui-ci déclina l’offre. Alexandre disposait d’une armée de huit mille Bulgares et de deux mille Valaques. Avec ses dix mille hommes, il affronta les Grecs, au nombre de soixante-dix mille. Le combat contre les Grecs s’engagea, mais les Bulgares ne cédèrent pas un pouce de terrain, et infligèrent une cinglante défaite à l’armée grecque. Alors, les Grecs battirent en retraite avec leur empereur, Jean Cantacuzène, et se réfugièrent dans la ville de Rusčuk. Les Bulgares firent un long siège de la ville. L’empereur Jean Cantacuzène était profondément désespéré et perplexe, et il ne savait que faire. L’empereur Alexandre épargna l’empereur Jean, et lui proposa de lui-même de conclure la paix, et lui dit de rentrer tranquillement à Constantinople. Jean se réjouit beaucoup d’entendre cela. Il désira consolider la paix avec Alexandre, et donna sa fille de dix ans en mariage au fils d’Alexandre (Jean Šišman), qui était âgé de quinze ans. On scella à Andrinople aussi bien le mariage glorieux que leur amitié. Les deux maisons royales étaient de la fête, laquelle eut lieu en grande pompe et dans la gloire impériale. Ensuite, Alexandre retourna à Tărnovo, puis se débarrassa de tous les ennemis qui étaient les siens. Il dirigea son royaume avec une telle habileté que tous ses sujets vécurent en liberté sous son règne. Mais il avait une femme au mauvais caractère qui menait une mauvaise vie. Alexandre la répudia pour épouser une juive, en ordonnant au préalable qu’on la convertît. Il envoya sa première femme à Vidin avec leur fils Strašimir. Il permit à son fils de diriger Vidin et ses environs avec sa mère. Quelque temps après, Strašimir ne tenait plus compte de l’avis de son père sous l’impulsion de sa mère: il se proclama empereur de Vidin, et il ne respecta aucun ordre venant de son père. Alexandre, en raison de l’amour immodéré qu’il nourrissait pour Strašimir, ne souhaitait lui faire aucun mal. Mais le roi hongrois vint assiéger Vidin, captura Strašimir, lui infligea une punition et l’emprisonna longtemps pour sa désobéissance envers son père. A la demande de l’empereur Alexandre, le roi hongrois, autrement dit magyar, libéra Strašimir des fers, prit l’un de ses enfants en otage, puis s’en revint chez lui. Cela eut lieu en l’an 1351. A l’époque, le sultan Murad avait décidé d’attaquer la Bulgarie. Alexandre lui donna une de ses filles en mariage, de façon à avoir la paix avec le sultan turc, pendant tout le temps qu’allait durer le bref règne de chacun d’eux. En l’an 1363, Alexandre décéda. Il laissa trois fils: Strašimir, Šišman et Asen. Après Alexandre, ce fut Šišman qui hérita du trône. [Auparavant]12, du temps de l’empereur Alexandre, le sultan Murad vivait à Bursa et maintenait la paix entre Turcs, Grecs et Bulgares. Après la mort d’icelui, la paix entre Grecs et Bulgares fut rompue. Šišman se souleva, prit aux Grecs la ville d’Andrinople et les assujettit à l’impôt. Ces derniers prièrent très instamment Murad de leur venir en aide, afin qu’ils pussent affronter les Bulgares. Murad vint affronter la Bulgarie avec une grande armée turque, en passant par la mer Noire et par la terre ferme. Les Turcs dirigèrent leur effort de guerre pour moitié contre la Bulgarie, pour moitié contre la Valachie. Jean Šišman et ses deux frères - Strašimir et Asen - se battirent comme des lions contre les Turcs de Murad et parvinrent à les défaire. Une grande partie de l’armée de Murad fut massacrée, et lui-même chassé de Bulgarie, couvert de honte. Asen, le frère de Šišman, fut tué par les Turcs lors de cette bataille. De même, l’autre armée turque, celle qui avait attaqué la Valachie, fut massacrée jusqu’au dernier homme par les Valaques, si l’on excepte ceux qui périrent noyés dans le Danube. Bulgares et Valaques échappèrent de la sorte, mais momentanément13, à l’asservissement par les Turcs. Le sultan Murad s’irrita tellement contre les Bulgares qu’il lui arrivait de se cogner la poitrine sous l’emprise de la rancœur14. Et il mit derechef trois années à mobiliser une armée turque contre la Bulgarie. L’empereur grec Manuel15 l’incitait à agir de la sorte. A l’époque, Strašimir et Šišman avaient des différends à propos desquels ils se chamaillaient. Strašimir voulait, à cause qu’il16 était le frère aîné, régner sans partage à Tărnovo. Mais Jean Šišman ne voulut pas lui céder le trône. Il lui dit: "Toi, notre17 père t’aura nommé, de longue date, régent indépendant à Vidin. Moi, il m’a laissé diriger le royaume, que je ne saurais point te céder". Ainsi, ces deux-là nourrissaient une grande rancœur mutuelle l’un envers l’autre, et ils fourbissaient leurs armes dans l’attente d’une guerre intestine. Les Grecs et les Turcs virent les troubles du côté bulgare, et Murad attaqua derechef la Bulgarie. Il expédia ses armées par la mer jusqu’à Gallipoli, là où il y avait un port par où transitaient les céréales. L’armée turque attaqua la Bulgarie. Strašimir refusa, mû par la rancoeur et la haine, de venir en aide à son frère Šišman. Cette fois-là, les Turcs conquirent d’abord Andrinople, et c’est seulement ensuite qu’ils se dirigèrent vers Tărnovo avec une forte armée. Ce fut le début de terribles affrontements et bains de sang. L’empereur Šišman se battit longtemps contre les Turcs à Tărnovo, dans des défilés et en défendant des forteresses. De nombreux affrontements eurent lieu entre Turcs et Bulgares, mais la Providence, mais les Turcs, selon la volonté de Dieu, défirent et conquirent la ville de Tărnovo. [Ensuite], ils assujettirent toute la Bulgarie. A partir de cette époque, et jusqu’à présent, ils oppriment et tyrannisent le pays bulgare. Les Turcs conquirent la Bulgarie en l’an de grâce 137018. Mourad transféra sa capitale de Bursa à Andrinople. Douze ans plus tard, il se mit en route pour la Serbie et enleva, en plus du reste, le pays serbe au prince Lazar. Mais Miloš Momčil19, le gendre du prince Lazar, tua le sultan Murad à Kosovo20. Après Murad, ce fut son fils Bajazet qui monta sur le trône turc. Quatre-vingts années après que les Turcs eurent conquis la Bulgarie, ou bien après trois années de plus, le sultan Murad partit de Bursa et d’Andrinople, encercla les Grecs de tous côtés et leur prit la ville de Constantinople en l’an 1453. Ainsi, les Grecs tombèrent eux aussi entre les mains des Turcs: ils étaient ravis de pouvoir les laisser envahir et assujettir la Bulgarie, et le firent à deux reprises, mais grand mal leur en prit: les Turcs les encerclèrent de partout, de telle sorte qu’eux aussi se retrouvèrent opprimés et assujettis21. Dans les traités d’histoire grecs, il est écrit que Šišman et Strašimir, pour déjouer leurs plans mutuels, auraient eux-mêmes fait venir les Turcs en Bulgarie, mais que les Turcs les auraient tous deux soumis22 et leur auraient pris la Bulgarie. C’est ce qu’écrivirent les Grecs, mais telle ne fut pas la vérité. En écrivant ce qu’ils écrivent, iceux dissimulent leur sournoiserie. Au début, c’est ce qu’écrivirent leurs chroniqueurs, mais les traités d’histoire russes et moscovites imprimés attestent ce que l’on sait à ce sujet, à savoir que l’empereur grec Manuel a fait venir les Turcs d’abord en Bulgarie, et qu’il leur a ouvert un accès maritime et par la terre ferme jusqu’à [ce pays]. La guerre contre l’empereur Šišman et la Bulgarie débuta de la sorte, au tout début, c’est-à-dire par l’intervention des Grecs. Ce Jean Šišman régna à Tărnovo pendant sept ans. Alors, les Bulgares avaient commencé à empreindre des caractères pour faire des livres bulgares en ladite ville, et quelques livres avaient déjà été imprimés à l’époque23. Et l’on trouve, de nos jours encore, des évangiles imprimés sur du parchemin24. A l’époque, les gens n’étant point doctes en la matière, les mots et les phrases paraissaient sans art. Au début, les Russes eux aussi imprimaient les livres sans finesse ni art. Mais ils ont tout compris à présent, et se sont mis à les décorer et à reproduire les phrases selon les prescriptions de la grammaire; à décorer25 et à agencer joliment les mots26 entre eux. L’on ne dispose point de témoignages écrits sur ce qu’il advint de l’empereur Jean Šišman. Sont-ce les Turcs qui l’ont tué ou bien a-t-il vécu quelques années de plus? Plus tard, dans quelque copie ou ancienne traduction d’un privilège par icelui signé, il est dit que les boyars de Tărnovo, ainsi que l’empereur Šišman, n’auraient pas su s’opposer aux Turcs. Ils se seraient enfui de Tărnovo, du Zagorie et de la Stara Planina27, seraient venus en la ville de Sredec, c’est-à-dire Sofija, et s’y seraient arrêtés dans quelque défilé du mont Vitoša, près de la rivière Iskăr. Ils auraient bénéficié de l’aide des Serbes, du roi Vukašin et des Bulgares d’Ohrid. L’empereur Šišman serait demeuré, pendant sept ans, à Sredec et près de l’Iskăr. Il aurait disposé, pour se défendre, du monastère d’Urvič28, protégé par une forteresse et entouré d’eau. De cette façon, ils auraient survécu là avec une petite armée, lui et les hauts dignitaires de Tărnovo, tout en se cachant des Turcs. Quand ceux-ci enlevèrent au roi Vukašin le pays d’Ohrid, et qu’ils le défirent et asservirent, ils assujettirent l’empereur Šišman, puis le firent passer de vie à trépas, lui et son armée, avec tous les hauts dignitaires bulgares de Tărnovo. C’est pourquoi l’on trouve, encore de nos jours, des trésors enfouis en ces endroits-là, endroits qui sont fort nombreux: En ces temps-là, les gens cachaient et enfouissaient [ce qu’ils pouvaient] dans la terre, par peur des Turcs. Mais après leur disparition, leurs richesses restaient sous terre. Strašimir, le frère de Šišman, s’enfuit en Moldo-Valachie et y vécut jusqu’à sa mort. Telle fut la fin des empereurs bulgares et de leur nom prestigieux, celui qu’ils portaient au début, comme cela fut écrit dans le présent opuscule d’histoire. Depuis qu’ils ont traversé le Danube et qu’ils se sont installés en Thrace, en Macédoine et dans une partie de l’Illyrie, ils ont toujours eu un royaume et un Etat indépendant pendant 980 années. Lorsque les enfants d’Agar29 et d’Ismaël eurent accumulé suffisamment de force, et que Dieu leur eut permis de vaincre beaucoup d’empires et royaumes, alors vint aussi la fin de l’empire bulgare, lequel se retrouva sous le pouvoir des musulmans30. L’on trouve inscrits, dans un bref traité d’histoire allemand, les noms des sultans31 turcs dans l’ordre de façon à savoir qui a régné après qui. On y parle du sultan Murad: quand il conquit le pays bulgare, il choisit beaucoup d’adolescents jeunes et beaux pour les séquestrer à Andrinople, les enrôler dans l’armée turque comme janissaires et les turciser par la force32. De ce fait, les gens accumulèrent en ce temps les douleurs et les chagrins. Ils pleuraient à chaudes larmes, des larmes amères et chagrines sur le sort de l’Empire bulgare. De même, mères, pères et parents pleuraient et soupiraient, inconsolables, à cause de leurs enfants33. Les gens, en ce temps-là, étaient très tristes et chagrins d’être soumis aux Turcs. L’on choisissait les belles églises pour les transformer en mosquées. L’on dépossédait les chrétiens des terres appartenant aux églises et aux monastères. L’on pillait de grandes maisons, des champs, des vignobles et de beaux endroits; l’on pillait tout à l’envi. L’on tuait les notables, les chrétiens haut placés, tout en s’emparant de leurs biens. Ainsi, les gens de cette première génération, celle du temps de la conquête de l’Empire bulgare, furent très tristes et chagrins, et ils pleurèrent tant que vécut cette première génération. La génération d’après s’habitua, peu à peu, à la vie commune avec les Turcs. Ainsi, les Turcs aussi étaient féroces et de grands pillards. Lorsqu’ils eurent consolidé leur règne à Constantinople, ils imitèrent, sur bien des points, l’ordre et le droit des chrétiens. Ils changèrent quelque peu d’attitude et commencèrent à avoir honte de piller illégalement34 les biens des chrétiens et tout ce qui leur appartenait35. Mais en ce moment même, les pauvres hères n’ont aucun droit, ni tribunal.
NOTES: 1. Paisij écrit Laganŭ, mais on trouve "Lahanas" chez Orbini, sobriquet péjoratif qui signifie "laitue" en grec. Il s’agit en réalité d’Ivajlo, le meneur d’une révolte paysanne qui assassina Constantin Asen en 1277. Il est impossible que les sources byzantines aient appelé "bulgares" par sympathie envers leurs voisins du Nord tous ces rois du moyen-âge. Ce nom devait donc avoir une signification ethnique, n’en déplaise aux historiens serbes. [back] 2. Dinekov traduit: "il devint un roi bulgare". [back] 3. Dinekov traduit: "du complot de Pierre". [back] 4. La plus grande île de la côte Est de la Grèce. Elle appartient au duc d’Orsini à partir des guerres normandes (1185), jusqu’en 1325. [back] 5. Andronik Ier Comnène. [back] 6. Dans le texte: stranu lagonskoju: ancien nom de la région de Bitolja, par référence aux Pélagoniens. [back] 7. Affluent de la Struma. [back] 8. Monastère dans l’actuel Kosovo, au sud de la ville de Peć, non loin de la frontière albanaise. L’expression "le roi de Dečani" évoque Etienne de Dečani. [back] 9. Prononcé Mesemvrija à cause du grec byzantin. Le nom actuel de la ville est Nesebăr. [back] 10. Nom de la plaine se situant à l’Ouest de la ville de Radomir.On dit aujourd’hui Mrakata. [back] 11. Dans le texte: "d’une vaste région près de la frontière". [back] 12. Littéralement: "mais", alors qu’il n’y a pas d’opposition par rapport à la phrase antérieure. [back] 13. Littéralement: "alors", "pour l’heure". [back] 14. Littéralement: "Le sultan Murad se cogna la poitrine et il conçut une immense colère et une immense rancœur envers les Bulgares". [back] 15. Il s’agit de Manuel II Paléologue. [back] 16. Tournure fréquente au dix-septième siècle, l’équivalent de "en raison du fait que". [back] 17. Les traducteurs bulgares remplacent par "mon père". [back] 18. L’ensemble du territoire bulgare fut conquis une dizaine d’années plus tard, mais Paisij dispose ici d’une chronologie plus fiable que d’habitude. [back] 19. Il s’agit de Miloš Kobilić ou Obilić. [back] 20. Littéralement: "au champ des merles". [back] 21. Tako posledi i nihŭ poprali i pogazili: en l’absence de dictionnaire de la langue de Paisij, il est difficile de saisir le sens exact des termes utilisés. De ce fait, les équivalents français sont quelquefois interchangeables, ce que les fluctuations dans l’usage du texte original devraient autoriser. Le même mot ne semble pas toujours avoir le même sens suivant la phrase. Paisij pratique en effet un idiolecte purement instinctif (donc aléatoire), un peu comme les journalises des tabloïds bulgares actuels. Il accumule parfois des termes qui ne peuvent être que des synonymes, mais qui reçoivent des acceptions différentes les uns par rapport aux autres à d’autres occasions. [back] 22. Littéralement: "Les Turcs se retournèrent contre eux deux et leur prirent la Bulgarie". [back] 23. Paisij tente de montrer que les Bulgares avaient plus d’avance en matière de culture qu’on ne croit. [back] 24. Littéralement: "sur du cuir". [back] 25. "Joliment" peut s’appliquer aussi à "décorer". [back] 26. Littéralement: "les mots écrits". [back] 27. Nom bulgare de la chaîne des Balkans. [back] 28. Le monastère d’Urvič ou de Kokaljane se trouve au sud de Sofija, pas loin du village de Pančarevo, sur l’Iskăr. Les ruines d’une forteresse du Moyen Age se trouvent à proximité. [back] 29. Servante égyptienne de Sarah, la femme d’Abraham. Son fils Ismaël est censé être l’ancêtre de tous les Arabes, et par extension de tous les musulmans. [back] 30. Littéralement: "des Agaréens". [back] 31. Littéralement: "des empereurs". [back] 32. Littéralement: "par la force". [back] 33. Il s’agit, bien entendu, des enfants devenus janissaires. [back] 34. Littéralement: "sans tribunal". [back] 35. Ce passage montre bien que la cohabitation entre Turcs et Bulgares se passait à l’époque beaucoup mieux que ne le prétendent les historiens bulgares. En réalité, Paisij ne pense même à la création d’un état bulgare indépendant. Ce qui le préoccupe, c’est la dignité et l’honneur national. [back]
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